Quand l’entourage s’en mêle : bienveillance et relations sociales

Mar 11, 2015 | 12 commentaires

« Tu sais ce que j’en pense, une bonne fessée, ça ne fait jamais de mal. »

« Je te trouve déjà particulièrement patiente. »

« Hé ! C’est quoi ça d’être ça d’être en colère ?! »

« Oh, mais c’est de la comédie, il n’a pas si mal que ça ! »

Ces petites phrases, on les entend toutes. A la Poste, quand Petit Lutin tombe et se fait mal. Au parc de jeu, quand il a encore envie de jouer. A la maison, quand le bol préféré est sale un jour où il est très fatigué.

Dans ces situations, souvent déjà délicates à gérer avec l’enfant, des personnes extérieures viennent parfois se greffer et donner leur avis, qui n’est souvent même pas sollicité. Parce qu’ils ne supportent pas de voir un enfant souffrir et veulent le faire taire, qu’ils se sentent mal dans leur façon d’agir avec leur propre enfant lorsqu’ils te voient agir différemment…

Aujourd’hui, Soline, du blog S’éveiller et s’épanouir de manière raisonnée nous livre ses astuces pour gérer ces situations le mieux possible.

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Clémentine m’a posée une question à laquelle je réponds brièvement aujourd’hui : « Comment fais-tu lorsque ton entourage (amis, famille, connaissances) te fait des remarques désagréables, négatives, sur l’accompagnement que tu apportes à Petit Chameau ? »

En réalité j’adopte plusieurs stratégies, tout dépend de la personne qui est face à moi, tout dépend de mon humeur et de mon envie du moment à argumenter, tout dépend du temps dont je dispose…

1. j’applique la technique du « oui-oui »

Quand une personne fait une remarque acerbe sur la bienveillance dont on fait preuve, un petit « oui-oui » accompagné d’un petit sourire, permet parfois de montrer mon désaccord en finesse. J’argumente une prochaine fois quand j’en ai la force et le temps. Car mine de rien, il en faut de l’énergie…

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2. j’écris un blog

Je ne pensais pas que cela pouvait faire écho à ce point là… mais au vu des nombreux messages que je reçois en commentaires ou en privés, je me rends compte qu’au final écrire sur un blog ses pensées, ses outils (je partage surtout mes lectures)… permet de toucher du monde. On sème une graine par ci, par là, cela fait écho (ou pas).

Les petits outils que je partage parlent sans doute à mes lecteurs (surtout lectrices) car je suis une maman lambda qui s’adresse à des parents ou éducateurs d’enfants lambda. Un outil simple qui fonctionne bien pour moi par exemple : quand je surprends Bébé Chameau à faire quelque chose qui n’est pas en cohérence avec ce que je pourrais attendre de lui, je m’imagine son petit cerveau encore immature, en pleine construction, des millions et des millions de petites cellules qui se créent et entre en connexion à cet instant. Le Dr Guéguen (Pour une enfance heureuse) expose qu’une grande partie du cerveau se forme durant les cinq premières années de la vie. Le néocortex est encore très immature à 1 an. L’enfant n’a donc pas physiologiquement la capacité de réagir comme un adulte. Ce n’est pas qu’il ne veut pas (ou qu’il fait un « caprice ») mais c’est qu’il ne PEUT pas ! En général ça m’aide à relativiser les choses.

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3. je ne dis rien et je laisse les personnes observer

Un enfant apprend par l’exemple, je pars du principe qu’un adulte aussi. Quand une remarque négative ou une suggestion de fessée est faite, je continue sur ma lancée d’accueil de l’émotion et d’accompagnement.

A plusieurs reprises, ma famille proche (ma maman notamment) m’a fait la remarque que j’étais trop à l’écoute des besoins de mon fils (tout ça parce que le soir du réveillon de Noël je ne le force pas à dormir seul dans une pièce qu’il ne connaît pas et qu’il est avec moi…). Ces personnes sont les mêmes qui dans les 5 minutes insistent sur le fait que mon bébé est épanoui, serein, apaisé, souriant, confiant. Pour moi, pas besoin de mots, la démonstration est faite.

Rester fidèle à ma ligne de conduite, ne pas y déroger, j’y mets un point d’honneur. J’insiste sur le fait qu’il n’y a rien de plus pédagogique et démonstratif que de montrer l’exemple. Attention, je ne dis pas que je suis un modèle à suivre, loin de moi cette prétention, je pense juste que nous agissons tous par imitation.

« L’enfant s’épanouit quand l’adulte montre le chemin, est le modèle, n’utilise pas de rapports de force physiques ou verbaux avec l’enfant, mais au contraire entretient avec lui une relation aimante et empathique. Il faudra probablement un certain temps pour que ce savoir se diffuse et fasse évoluer les habitudes culturelles. Ce savoir ne simplifie pas le rôle des adultes, mais il les rend plus conscients et plus responsables de leur attitude avec les enfants. L’enfant apprend très tôt comment bien vivre affectivement et socialement. Lui-même recevant ce qui est indispensable pour s’épanouir peut à son tour le faire partager autour de lui, et le transmettre à ses propres enfants plus tard. » (Catherine Guéguen, Pour une enfance heureuse, p. 263)

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4. je plante quelques graines de bienveillance

Ici et là je glisse quelques arguments et je propose de prêter des ouvrages… (Isabelle Filliozat, Faber et Mazlish, Olivier Maurel, Alice Miller…). Je vois si la mayonnaise prend.
Mais dorénavant, à chaque annonce de grossesse dans mon entourage, j’offre un exemplaire du livre Au cœur des émotions de l’enfant d’Isabelle Filliozat… et je sais que cela a fait écho en quelques personnes. L’important n’est pas le nombre, mais l’action. A ce propos je termine en évoquant une légende amérindienne qui résume bien toute la portée de n’importe quelle action de bienveillance :

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu. » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part ! »

Cette légende nous rappelle que chaque petite goutte versée, chaque graine semée est importante. Il n’y a pas de petites pierres à l’édifice, il n’y a que de belles et solides fondations. Ceci est valable pour de multiples domaines, que ce soit l’éducation positive, l’écologie, etc…

Tu peux retrouver les aventures de Soline et son petit chameau sur son blog et sur Facebook.

Et toi, comment gères-tu ces situations ? Quelles sont tes astuces ? S’il te plaît, partage tes idées en commentaires !

Petits liens qui vont pour aller plus loin :

education-bienveillante-clementine-la-mandarine challenge-education-bienveillante-communication-non-violente-clementine-la-mandarine

12 Commentaires

  1. J’adore cet article. Qu’il est facile pour le monde extérieur de juger. Dans la société actuelle, tout le monde juge : le comportement des parents face à leurs enfants, le travail des collègues, la religion, les relations amoureuses ou amicales… Mais ce qu’on voit des situations auxquelles on assiste en tant que spectateur n’est qu’une infime partie de la réalité. On ne connaît pas les détails de la situation, le vécu des personnes en compte ! Alors quand je vois un parent dont le petit fait un caprice pour X ou X raisons, je ne dis rien, ne conseille rien surtout si la personne n’en fait pas la demande ! Je me dis que je pourrais être dans la même situation, que j’ai assez à gérer le comportement de mon enfant à ce moment là, sans gérer en plus le comportement d’un adulte à côté !
    Nos enfants expérimentent, nous testent à longueur de journée, nous, parents, nous avons notre manière de gérer qui est en rapport avec le caractère de notre enfant et notre envie de lui transmettre nos valeurs. Des fois ça passe super, mais là personne pour nous dire « bravo » ! En même temps on attends pas de compliments. Puis d’autres fois, on applique la même méthode et ça ne marche pas, pourquoi ? parce que l’enfant est un être à part entière et pas une machine qui va répondre de manière identique à un même stimuli !
    Nous sommes maman, papa et nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes fiers ! Le plus beau cadeau, c’est le regard bienveillant de notre enfant, ce sont ces bras autour de notre cou pour un câlin, ce sont ces « je t’aime » qui nous réchauffent le cœur même si celui-ci a été mis à mal quelques moments avant !
    Arrêtez d’intervenir dans nos éducations, n’intervenez que quand nous sommes demandeurs ! ou dans ces cas là, intervenez aussi quand tout va bien ! Pour moi, la façon dont mes amies élèvent leurs enfants est personnelle je ne vais pas me permettre de leur dire « non tu as tort » ou « je ne ferais pas cela à ta place ». Je ne sais pas comment ça se passe à la maison, donc je ne juge pas, car ça peut être extrêmement blessant !
    Mes filles sont épanouies et bien dans leur tête, ce qui n’empêchent que certaines fois, elles sont fatiguées, ou pénible, ou capricieuse, en même temps leur mère n’est pas parfaite aussi ! Certaines fois, je suis fatiguée, moins patiente.
    A ceux qui n’ont pas d’enfants, je leur réponds « on verra quand tu seras à ma place ». Aux parents que je connais, ils voient par eux même que les « crises » se calment d’elles même. Quant aux regards extérieurs je n’y prête aucune attention !

    Réponse
    • Merci Fanny pour ton retour. ☺

  2. Aaah, cet article, c’est l’histoire de ma vie à moi aussi… On me juge (surtout ma propre mère!) quant à l’allaitement (à 22 mois, bébé a dépassé la date limite depuis lgtps…), l’éducation bienveillante et l’écoute que j’essaye de lui apporter (ce qui n’est pas simple pour moi, compte tenu de ma propre éducation). On me juge parceque je suis farouchement opposée à toute forme de violence, parceque je ne consomme pas de produits chimiques (enfin j’essaye), parceque je ne mets pas mon petit sur le pot… Bref, on me juge en permanence, et quelque chose me dit que ce n’est que le début. Vous savez quoi? Au fond, parfois ça me touche. Mais quand je vois combien mon petit est bien dans ses baskets, je les emmerde (pardon ^^), ceux qui me jugent. Et je leur donne rdv dans 15 ans, pour juger à mon tour s’ils auront tort ou raison :)

    Réponse
    • Merci Aurélia pour ton retour ☺

  3. Pour ma part je connais bien bebe chameau et sa maman et je ne cesse de m inspirer de ta sagesse ! Même si parfois nos convictions de parents diffèrent, je ne peux que te remercier de m apporter un peu plus de piste de réflexion pour m’améliorer en tant que maman. Alors je te rejoins complètement sur le fait que chaque parent doit choisir comment il a envie d éduquer son enfant et que le plus important est de rester fidèle à ses convictions ! Même si ta sagesse vient régulièrement me faire réfléchir pour le mieux de mon bébé

    Réponse
    • Oooh comme c’est chouette de croiser quelqu’un qui les connaissent en vrai ! Merci pour ton commentaire ☺

  4. Tous ces postes sur la bienveillance me touchent beaucoup. Je n’ai pas été élevée comme ça, pourtant quand mon premier est né, il m’a semblé évident que je ne pourrai pas lever la main sur lui. Il a fallu convaincre mon conjoint, qui était sceptique au départ mais finalement cela nous a semblé naturel. Puis l’âge des premiers « non » est arrivé et je me suis sentie perdue. J’ai alors instauré la technique du coin mais je sentais bien que ça n’allait pas. Ce n’est que lorsque ma deuxième est arrivée que j’ai compris qu’il fallait changer les choses. Avec son caractère bien trempé, j’aurai été obligée de la punir tout le temps ce qui me rendait vraiment malheureuse. Je comprends aujourd’hui que toutes ses techniques résultent de mon éducation et qu’il est souvent long et compliqué de les interroger. Les choses doivent encore s’améliorer mais je suis contente du bout de chemin que nous avons fait avec mon conjoint et mes enfants.

    Pour ce qui est des proches, j’ai eu du mal à me défaire de ces avis moralisateurs au début, mais maintenant j’ai plus de confiance en ma façon d’éduquer et du coup j’applique à peu près les mêmes méthodes (surtout celle du « oui-oui »!). Le plus amusant, c’est que lorsque je dis que mes enfants n’ont jamais eu (et n’auront jamais) de fessée, les gens me répondent: « mais c’est facile pour vous, ils sont tellement sages vos enfants! » Je leur réponds alors que la sérénité qu’ils ont à la maison se répercutent dans leur comportement.

    Réponse
    • Ah oui, j’ai déjà remarqué ce type de remarque : un enfant est en colère/triste et le manifeste, on dira au parent qu’il devrait être plus sévère et que c’est de sa faute si son enfant est terrible. Si un enfant est gai, chaleureux, alors on dira au parent qu’il a de la chance. Erm, ça a le don de m’énerver ! Déjà parce que les enfants ont le droit de manifester leur émotion et que ça ne les rend pas terribles pour autant. Et aussi parce que quand les enfants sont bien dans leur peau, c’est bien grâce à leur parent la plupart du temps !

      Merci Hélène pour ton témoignage ☺

  5. Comme je comprends cet article et les problématiques qu’il soulève! C’est vrai que ce n’est pas facile tous les jours de faire les choses différemment de la norme et que les gens peuvent se montrer particulièrement intrusifs quand il s’agit de l’éducation de nos enfants.

    Il y deux choses que j’essaye de faire: ne pas juger les autres et leur éducation (même quand cela vient heurter mes sentiments et mes valeurs, j’essaye de ne pas me laisser aller à un jugement). C’est en vertu du principe de réciprocité auquel je crois. On reçoit ce qu’on donne.

    La deuxième, c’est de ne pas prendre les choses personnellement (et dieu que c’est difficile quand on se sent ‘attaqué’ dans son rôle de parent) et ne pas répondre, ou par un sourire gêné. Je fais surtout ça avec les proches, mes parents qui ne se rendent pas compte des petites phrases bien sympa qu’ils lancent des fois « mais dis donc, comment tu t’occupes de ton fils…  » et autres… C’est dur mais je trouve que ça m’aide aussi à me guérir de ma propre éducation, ce qu’ils peuvent me dire ne me touche plus vraiment…

    J’aime beaucoup les eux dernières mises en situations où on laisse observer ou on essaye de lancer une petite phrase.

    Pour finir, il y a aussi la mise à distance où la limite est posée avec un « chacun élève ses enfants comme il l’entend, non? » avec un regard appuyé sur l’interlocuteur intrusif si vraiment il va trop loin et un sourire. Bienveillant mais ferme.

    Très bon article, merci :) il me fait encore bien réfléchir :)

    Réponse
    • Merci Sarah pour ces idées que tu partages ici. J’aime beaucoup que tu soulignes ce principe de réciprocité, qui, maintenant que tu le dis, me semble effectivement essentiel ☺

  6. Jolie article Merci. il vient d’être partager sur un groupe d’outil pour parent bienveillant, je découvre aussi ce blog si parlant. a bientôt

    Réponse
    • Chouette, merci Alice d’avoir partagé cet article ☺

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  1. L’éducation bienveillante quand les proches ne l’entendent pas de cette oreille… – Une Vie en chantier - […] : un article de blog qui dénonce la même chose que moi, mais qui donne quelques solutions. Le mot…

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