J’ai découvert Planet Addict il y a peu de temps et j’adore !
Je ne lis pourtant aucun blog de voyages car la plupart du temps, je trouve que le voyage est présenté comme un vulgaire article de consommation, et cela me gêne beaucoup.
Emma réussi donc le challenge avec Planet Addict d’écrire un blog qui me plaise tout en parlant de ses voyages… entre autres sujets très intéressants.
Aujourd’hui, Emma nous parle de générosité en y associant l’œil de la voyageuse :
La générosité est un sujet sensible je trouve. Si nous acceptons facilement de raconter un acte de générosité envers nous et de démontrer qu’il reste du bon dans le genre humain (et il y en a), nous avons moins tendance à raconter des actes de générosité que nous avons fait. Considérer que c’est normal, ne pas se venter, sentir que nos actes sont minuscules à côté de ceux des autres. En tout cas, c’est un peu comme ça que je le ressens.
Lorsque je me suis inscrite au défi, je me suis dis que je faisais déjà beaucoup : donner à des associations, faire du bénévolat, faire attention à mon empreinte écologique, essayer de sensibiliser les gens à travers mon blog etc. Mais il a été très dur pour moi d’écrire un geste de générosité sur le groupe dédié au challenge parce que je n’aime pas me mettre en avant et que je minimise souvent ce que je fais: ce n’est pas assez. Le fait de voir d’autres personnes le faire m’a encouragé!

La générosité est un sujet qui me tient beaucoup à coeur. Je me considère vraiment chanceuse d’être née là où je suis née, d’avoir la famille que j’ai et d’avoir une liberté que beaucoup de femmes dans ce monde n’ont pas. Pour avoir beaucoup voyagé, je le reconnaît d’autant plus. Et par conséquent, c’est une nécessité pour moi d’essayer de faire quelque chose pour les autres. Mais je ne suis pas un ange pour autant! Moi aussi j’ai mes moments noirs, de ras-le bol et d’égoïsme. Moi aussi il y a des jours où j’ai envie de fermer les yeux, de ne plus agir, où j’ai l’impression que cela ne sert à rien.
Des personnes généreuses, il y en a partout, mais elles sont souvent dans l’ombre. Par mutisme, par pudeur, par méconnaissance. Je voulais moi aussi raconter une anecdote sur la générosité reçue par des inconnus. Et puis j’ai changé d’avis car je voulais dire autre chose.
Je me suis rappelée cette fois où j’ai passé une journée dans un orphelinat au Cambodge pour jouer avec des enfants atteints du Sida. Une petite journée, ce n’est rien du tout. En y repensant je me suis posée la question: Jusqu’où peut-on pousser la générosité?

La générosité est parfois dure. Aller aider dans un hôpital ou dans un orphelinat et réaliser le malheur qui touche certaines personnes, c’est dur à encaisser. Parfois, c’est mieux de fermer les yeux. Je comprends que certaines personnes ne veulent pas voir : ça fait de la peine. Et ça fait de la peine de se sentir impuissant, de ne rien pouvoir faire. Alors justement, on ne fait rien. C’est dur de voir des personnes démunies dans la rue. On ne peut pas accueillir tout le monde chez soi, à nous seul on ne peut pas faire la différence.
Mais c’est là une erreur! On ne peut pas retirer la maladie, mais on peut éclairer une journée avec un sourire! Ne fermons pas les yeux, chacun d’entre nous peut faire une différence, aussi petite soit-elle, dans la vie de quelqu’un. Comme cette femme qui m’a tendu un mouchoir quand je pleurais dans le métro il y a 4 ans, et qui m’a dit “ne t’inquiète pas, ça va s’arranger”. Je ne la connaissais pas, elle ne savais pas pourquoi je pleurais, mais je ne me suis plus sentie seule. Cette toute petite attention m’avait réchauffé le cœur.

Ne pas se sentir seul.
Nous vivons dans une société individualiste où nous ne faisons plus confiance aux autres, et plus confiance à nous même. Nous avons perdu notre identité en route. Qui sommes-nous, quelle est notre utilité? Nous n’osons plus aider les autres et nous nous méfions d’un acte de bonté envers nous. Nous nous tournons vers des produits avant de nous tourner vers des personnes.
Il existera toujours des personnes malhonnêtes. Mais il existe tout autant de personnes honnêtes, justes et généreuses dont on ne parle jamais! Les médias se focalisent souvent sur ce qui est négatif et cela nous entretient dans la méfiance et dans l’individualisme.
Ces petits actes de générosité nous permettent de sortir la tête de l’eau et de comprendre l’importance de nous reconnecter et de recréer notre tissu social. Nous avons besoin de collectivité. Et pas uniquement virtuelle. Physique. Parler aux gens, leur sourire, leur offrir un peu de pain, jouer avec eux, leur indiquer le chemin, les aider à se relever, leur offrir du réconfort.

Merci Clémentine pour ce challenge! Au-delà de juste parler de générosité, cela a permis aux gens de s’exprimer et de valoriser leurs gestes, d’en chercher de nouveaux, de les partager et de les reproduire.
Jusqu’où pousser la générosité? Tout seul on ne peut pas résoudre tous les maux de le Terre. Mais chaque petit geste compte, chaque personne a un rôle à jouer. Je me rends compte que ce qui me chagrine c’est l’inaction.
Et ce qui est beau c’est que donner ou recevoir, l’un dans l’autre on se met dans une attitude positive qui va s’auto-entrenir! On se sent bien d’aider, on se sent apaisé d’être aidé, les choses nous paraissent plus belles, cela nous permet de positiver et inévitablement, de bonnes choses nous arrivent.
On appelle ça le Karma ;)

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Cet article fait parti d’une série sur la générosité proposées par des blogueuses qui ont la gentillesse de partager leur travail ici. Le texte et les illustrations présentés ici reste leur entière propriété. Merci de les contacter directement avant de partager leur travail.
Article écrit et illustré par Emma du blog Planet Addict.
Quel bel article! C’est vrai qu’il ne faut pas beaucoup de temps, ni d’argent, ni d’idées révolutionnaires pour se montrer généreux- il suffit d’ouvrir les yeux et d’oser donner un peu de soi à des inconnus parfois. Il y a quelques semaines, je suis passée devant une mamie qui balayait péniblement le trottoir devant chez elle. Je n’avais qu’une envie: le faire à sa place. Je l’ai longuement regardée, me demandant comment lui proposer mon aide (sachant que je suis en Allemagne et que je ne parle pas allemand) mais malheureusement je n’ai pas osé… je n’avais pas envie qu’elle se sente gênée ou qu’elle ne comprenne pas ce que je voulais faire. C’est bête, je sais… J’ai souvent croisé des gens en train de pleurer et souvent j’ai envie de leur montrer ma compassion, comme l’a fait cette dame dans le métro pour Emma, mais là encore, je n’ose pas… Pourquoi cette gêne, je ne sais vraiment pas? Et après, je regrette toujours d’être passée à côté d’une opportunité de m’avoir donné un peu d’humanité et de réconfort. En tous cas, j’adore ce challenge Clémentine, il me fait beaucoup réfléchir depuis le début et le témoignage d’Emma encore plus!
C’est un très beau témoignage, merci de l’avoir partagé. Je rejoins Natasha (avec « s » cette fois-ci ;-) ): j’ai parfois peur d’être ridicule ou pire, d’avoir l’air condescendante ! Surtout avec les personnes dans la rue: mon sentiment de peine mêlé à celui d’impuissance fait que je ne parviens pas toujours à offrir un « vrai » sourire, j’ai peur de donner l’impression de me moquer, de narguer… Il y a des jours où on se sent la force d’affronter le malheur, et d’autres moins.
Merci Clémentine pour cette idée de challenge, et merci aux participants =)
Merci! Je suis contente que l’article vous plaise.
Pour répondre à ce que tu disais Natasha, je pense aussi qu’il y a beaucoup de pudeur, de gêne à proposer de l’aide. On ne veut pas se sentir intrusif, ni donner l’impression de mal interpréter les choses. C’est difficile de savoir où se situe la limite.
Mais pour cette femme qui m’a tendu le mouchoir, si elle m’avait questionné sur mon chagrin j’aurais trouvé ça intrusif. Mais là, ce qui était beau c’est que c’était seulement « je vois que tu pleures et je te tends un mouchoir ».
Superbe article.
Comme les autres cela m’est arrivé de voir une personne pleurer et de ne pas savoir comment réagir, alors on fait comme si on n’avait pas vu, histoire de ne pas la mettre mal à l’aise, par pudeur, mais on le regrette souvent.
Je changerai surement ma manière de faire la prochaine fois, si cela arrive!
Un bel article, réfléchi, simple, humble…
Merci de ce beau moment de lecture, qui encourage à réfléchir sur son propre engagement.